Publié par Thomas K.
Les images des films littéraires de ce genre ont, même avec la meilleure régie et le meilleur jeu, quelque chose d'inerte et de décousu, parce qu'il leur manque la continuité visuelle. Un récit pensé en mots, en effet, passera par-dessus de nombreux moments que l'image, elle, ne peut pas éviter. Le mot, l'idée, la pensée sont intemporels. L'image, elle, a une présence concrète et ne vit qu'en celle-ci. Dans les mots il y a du souvenir, avec eux on peut y faire allusion, renvoyer à de l'inactuel. L'image, elle, parle par elle seule. C'est pourquoi le film requiert, surtout quand il saisit les évolutions psychiques, une continuité sans faille dans la représentation visuelle des moments successifs. Il doit se constituer à partir du matériau sans mélange de la pure visualité. En effet, toute transition de nature littéraire est aussitôt ressentie comme un espace irrespirable et froid.
Béla Balàzs, Esquisse d'une dramaturgie du cinéma.
Il me semble que c'est bien cette notion de continuité visuelle qui manque aux adaptations cinématographiques des aventures du jeune sorcier. Le travail de la continuité des images doit renvoyer seulement à sa propre continuité et non à celle d'une oeuvre extérieure à l'image, ici le livre. Les transitions entre les scènes ne doivent pas être pensées comme la reproduction la plus fidèle des transitions effectuées par le livre, mais doivent être d'essence cinématographique et non pas un décalcomanie d'une histoire qui existe déjà. Cela n'empêche pas que le film peut être parfaitement fidèle à l'histoire, mais c'est au niveau de la mise en scène et de la visualisation des résonances de sens et de sentiments entre les images que se joue l'impression de cohérence visuelle et sensitive. Un film doit être pensé comme un film, en tant que pure visualité.
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Thomas K.
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