lundi 14 février 2011

A King's Speech

Lionel Logue: [as George "Berty" is lighting up a cigarette] Please don't do that.
King George VI: I'm sorry?
Lionel Logue: I believe sucking smoke into your lungs will kill you.
King George VI: My physicians say it relaxes the throat.
Lionel Logue: They're idiots.
King George VI: They've all been knighted.
Lionel Logue: Makes it official then.

Le discours d'un roi fait partie de ces films auxquels on ne peut pas reprocher grand chose. Sujet historique sérieux, casting irréprochable, mise en scène intelligente, bref le profil parfait pour un triomphe aux oscars.

Pourtant on sort du cinéma avec l'impression d'avoir vu un film sans surprise, bien à l'aise dans un certain confort narrative. Comme si les nombreuses qualités du film n'avait pas eu l'emprise émotionnelle promise par la promotion du film du film et donc attendue.

Hooper, nouvelle figure du cinéma britannique traite pourtant le sujet avec une réelle audace artistique et l'alchimie entre les comédiens est notable. C'est le traitement du corps du personnage qui nous étonne le plus et fait du discours d'un roi, un drame historique dont la forme dévie largement du mode de représentation ample et stable que l'on attribut habituellement aux films du genre.

Le visage de Colin Firth, filmé en gros plan, se pare d'une lumière blanchâtre affolante alors qu'il semble déformé par une déstabilisante focale. Hooper convoque ici les moyens de mise en scène les plus ingénieux pour traduire à l'image le malaise intérieur du personnage, rongé par la timidité et la peur de l'échec, terrorisé à l'idée de dévoiler au public son handicap.

On retient également l'utilisation récurrente de la steady-cam (caméra portée)en grand angle qui colle le dos du roi dans le moindre de ses déplacements. Un choix de mise en scène qui finit de nous convaincre et nous donne à penser que Hooper opte ici pour le traitement d'un sujet historique avec les armes du cinéma contemporain : Semi-instabilité du plan mobile, proximité des corps pour une immersion physique du spectateur ou encore décadrage constant des visages dans le cadre. Cependant, au même moment, Aronofsky montre avec Black Swan non pas les futurs promesses de telles choix esthétiques mais bien leur utilisation paroxysmique au service d'un chef d'œuvre de modernité et d'immersion spectatorielle.

Reste que le corps de Colin Firth est tout entier travaillé, modelé, mis en avant, et pour cause, c'est précisément ce corps indomptable et rebelle qui est le centre du récit, de la même manière que celui de Nathalie Portman dans le film d'Aronovsky. Le discours d'un roi tend finalement à faire abstraction du contexte historique, relayer en arrière plan dramatique pour mieux mettre en avant l'histoire d'une amitié qui unit le roi d'Angleterre et son orthophoniste interprété par Geoffrey Rush.

L'alchimie entre les deux hommes que tout opposent séduit. Le duel devient vite duo et la méfiance laisse place à l'entraide et au respect mutuel. Car ce sont deux géants qui s'échangent la balle. Le travail de composition de Firth sur la diction du personnage et son attitude renfermée s'accorde harmonieusement avec la mise en scène du corps par Hooper. En face de lui, Geoffrey Rush est tout simplement immense, une véritable leçon de jeu et c'est peu dire puisqu'il interprète ici un spécialiste du langage et de la diction, un homme qui contrôle son corps à la perfection et en fait son allier.

Toute la dialectique du film est là. Le discours d'un roi, comme Black Swan, est un film sur la maitrise du corps, qui ici s'exprime dans la naissance d'une amitié entre deux protagonistes, l'un à la recherche de cette maitrise, l'autre à la recherche de la reconnaissance de celle-ci. Tout est là donc.

On se demande alors pourquoi sort-on de la salle avec la banale sensation de n'avoir vu qu'un beau film, alors que l'on ressort de Black Swan, perdu, exténué, vide et comblé en même temps ?

Surement parce que le meilleur film de l'année n'est peut être pas celui que l'on pense.


1 commentaire:

  1. Bonne critique même si je ne partage pas ton avis, surtout sur cette conclusion que je trouve un peu hâtive, en revanche ton intro est formidable ;) j'adore cette réplique, longue vie au roi§

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