mercredi 29 septembre 2010

Wall Street "money never sleeps"


"It's not about the money - It's about the game"

Oliver stone continue son portrait acerbe de l'Amérique et de ses institutions en nous présentant cette semaine "Wall Street, money never sleeps", en quelque sorte une reécriture actualisée du film "Wall Street" qu'il avait réalisé en 1985.
Avec la crise économique de 2008, il est vrai que l'initiative est pertinente. Michael Douglas est toujours de la partie, il reprend le personnage désormais culte de Gordon Gekko qu'il lui avait valu l'oscar du meilleur acteur il y a maintenant 25 ans. A ses côté, Shia Labeouf alias "l'étoile montante d'Hollywood" reprend presque le même personnage de jeune loup idéaliste qu'incarnait Charlie Sheen. Il est toujours question de spéculation, de fraude, de triche et de coups bas mais autant dire qu'avec la crise de 2008, le tout prend une autre dimension.

Le film de Stone est il un brulot anticapitaliste? Son analyse est elle objective et pertinente?
Je laisse aux spécialistes le soin d'en décider. Pour ma part je vais tacher de parler de ce que je connais, c'est à dire de cinéma, et en cela la sortie d'un film d'Oliver Stone est toujours un événement en soi.
Le film et ses enjeux sont parfois compliqués à comprendre quand on y connait pas grand chose à la finance ce qui est mon cas. De plus, on connait le sérieux de Stone dès qu'il s'agit de retranscrire avec précision les langages techniques du monde institutionnel ou autres (ce qui ont vu JFK ou Nixon savent de quoi de parle !). Le trait pourrait agacer mais il en est rien, le but est de décrire un univers fermé, difficile à décrypter mais dont il faut pourtant s'intéresser car après tout, ces traders semblent être rien de moins que les rois du monde.

Le film est long, ce qui est également une habitude chez Stone, en revanche il pâlit d'un certain manque de rythme. Heureusement le casting est irréprochable. Shia Labeouf est convaincant dans un rôle mature qui le sort enfin des films de genre. Dans cette jungle de mâles dominants il se démarque par cette sa figure enfantine et incarne ainsi parfaitement l'innocence, l'ambition et l'idéalisme de sa génération là où Charlie Sheen laissait un peu de marbre.
Michael Douglas est quand à lui savoureux ! Chacune de ses apparitions illumine le film, son jeu emballe le rythme de toutes ses séquences. Dans le premier opus, il incarnait la figure de grand frère, l'exemple à suivre. Avec l'âge c'est évidement en père mais surtout en imposteur que Stone le filme aujourd'hui.

"Wall Street" premier du nom était filmé avec une grande sobriété. Pas d'effets de montage complexe, pas de mixage nerveux de la bande son comme les aime Stone, ce qui en faisait un film à hauteur d'homme, un film intimiste qui se limitait à certains lieux (le plus souvent des bureaux) impersonnels et étouffants. En ressortait une atmosphère tendue accentué par des échanges de dialogues aiguisés. Une vrai partie d'échec.
Cette suite peut dès lors se lire comme une réécriture, une proposition alternative que Stone décide cette fois de dynamiser par sa mise en scène. Beaucoup plus de séquence en extérieur, de grands mouvements de camera qui viennent caresser, sublimer les building de Manhattan (le dernier plan du générique est superbe, la caméra monte en serpentant les building jusqu'à une fenêtre qui sera le point de raccord avec le plan suivant mais également avec le début de l'histoire), enfin beaucoup de jeux de montage et d'incrustations animées du domaine du ludique. Stone joue avec les chiffres, les courbes, bref tout les signes graphiques liés à l'univers de la finance afin d'en faire des images de cinéma. Le réalisateur fait souvent mouche, on retiendra ce plan remarquable où ce dernier associe visuellement le cours de la bourse avec la "Sky Line" de Manhattan.
Du changement donc, pour autant il ne manque pas de citer son premier film puisque la typographie du générique reste la même ainsi que le magnifique lever de soleil qui vient se refléter sur les immenses tours new-yorkaises. Bud Fox (Charlie Sheen), héros du premier film, revient également le temps de brèves retrouvailles avec cette vieille canaille de Gekko.
La mise en scène des dialogues est toujours aussi affutée avec effet de filage, mise au point brusque. On aime mais l'on regrette parfois de ne pas être plus emballer par le fond.

Le film ne convainc donc pas complètement le spectateur, et nous n'attachons au final que peu d'importance au devenir du couple de Jacob Moore ( Shia labeouf). Cependant il séduit,d'un charme froid, et certaines images viennent vraiment semer le trouble dans nos esprits.
L'une d'elle m'a marqué mais sans parvenir à lui donner un sens :
En se rendant au travail Moore passe devant une gigantesque vitre panoramique. Derrière on distingue clairement l'étendue vide de Ground Zéro, immense chantier en reconstruction. La scène est filmé en un seul plan, Moore passe devant, s'arrête un instant puis repart.
Le moment est fort, le sur cadrage de la vitre accentue l'effet. le plan crée presque un malaise bien qu'on ne sache pas quoi en conclure.
est ce juste une piqure de rappel ? ou bien faut t'il faire un rapprochement direct avec ce qui précède ou suit l'image ? Rien que pour cela, un deuxième visionnage est nécessaire.

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