Le cinéma de grand spectacle est en berne. Depuis l'incroyable succès d'Avatar (2009) qui a propulsé une fois de plus James Cameron au rang de plus grand "entertainner" mondiale et maître absolu de la grande forme spectaculaire, plus personne ne semble vouloir rivaliser. Et ce n'est pas cette Bataille pour Los Angeles qui y parviendra !
On se souvient que la bande annonce révélée il y a trois mois en avait fait saliver plus d'un. Reprenant l'esthétique sèche et gris béton de District 9 (2009), B:LA promettait de déployer des séquences dantesques, et l'on priait juste pour que le film ne souffre pas des récurrentes ferveurs patriotiques de Bay et Emmerich, celles la même qui ont bercé notre adolescence perturbée (Indépendance Day 1996, Armageddon 1998).
A l'arrivée, le film propose tout le contraire. Suivant la nouvelle vague spectaculaire qui travaille l'immersion réaliste par la caméra légère donnant un aspect semi documentaire (Cloverfield en 2008, District 9), B:LA est un film de guerre immersif, brut mais peu séduisant. Une fois encore le procédé est traité à la légère et le film manque trop souvent de lisibilité dans les phases d'actions. Au plaisir esthétique et immersif se substitue alors un agacement certains. Les plus belles idées de Liebesman tiennent alors dans ces puissants plans sidérants où le metteur en scène fait survoler au dessus de la tête de ses personnages de rugissantes explosions, le passage d'un hélicoptère, d'un avion de chasse, ou d'un vaisseau Alien.
Le metteur en scène y respecte alors les règles du sublime cinématographique et confronte en une simple contre plongée et dans un même plan, l'homme et son destructeur.
Pour le reste, rien de nouveau hélas. La caméra change de plan toutes les deux secondes sans aucune maestra. le concept de caméra immersive est vidé de son sens premier et les séquences s’enchaînent et se ressemblent. Un tel partie pris esthétique supposait une rigueur importante au niveau du découpage, afin de construire des séquences vertigineuses et rythmées. Il faudra pourtant attendre le dernier quart d'heure du film pour revoir une belle image, celle du vaisseaux mère se dressant majestueusement devant Aaron Eckhart. L'acteur, déjà excellent dans The Dark Knight (2008) de Nolan, fait de son mieux et s'en sort avec les honneurs en composant un beau rôle d'action man physique et viril, qui laisse d'ailleurs supposé un possible avenir dans le film d'action.
Si B:LA est un blockbuster qui remplit à peine son contrat quand au plaisir esthétique qu'il peut procurer, c'est surtout dans ses pauses et ses moment de relâchement que le film est le plus médiocre. Les états d'âmes des soldats ainsi que les moments de désespoirs sont d'une longueur insoutenable. C'est dans ces moments précis, plus que dans les climax, que l'on sent toute la maladresse d'un réalisateur qui semble considérer ces checkpoints obligatoires du film de grand spectacle comme une pénible torture. La musique, d'une insoutenable banalité, n'y est surement pas pour rien.
Le fait est qu'on a envie de donner sa chance Battle:L.A. C'est vrai, les premières minutes offrent des images saisissantes à l'image de ces hélicoptères de combat survolant la baie de Santa Monica dévastée. le réalisateur fait le pari d'un film intimiste car nous ne quittons jamais le point de vue de ce petit groupe de Marines. Respectant ce créneau, Liebesman filme l'invasion Alien à travers des images télévisées volontairement brouillonnes et inquiétantes et, plus que tout, le film est quasiment dépourvue de toute jubilation patriotique.
Certains s'amuseront à hurler le contraire, je le leur conseillerais alors de regarder de plus près l'atmosphère du film : B:LA fait encore les frais du traumatisme du onze septembre, et cette décadente cité des anges se retrouvant dévastée par une force venue d'ailleurs sonne comme une énième auto-mutilation de la part des américains. L'humanité y est clairement présentée plus bas que Terre, désemparée, au point que chaque moment d'espoir dans le film est suivie immédiatement de son contraire et nous enfonce à nouveau la tête dans le sol. Tout ce qu'il reste de patriotisme tiens alors dans une timide célébration du courage des Marines, chose que l'on ne peut en effet pas leurs retirer aux vus des nombreux sacrifices des soldats durant le film.
Le personnage de Eckhart lui même est un traumatisé de la guerre en Afganistan, et son intégration sème le trouble dans un groupe militaire divisé. Si l'on repense maintenant aux scènes cultes qui jallonent Independance Day ou Armageddon (souvenez vous du président américain dans son avion de chasse se sacrifiant pour le peuple, ou encore l'arrivée héroïque de Bruce Willis et ses acolytes dans un plan au ralentie avec en surimpression le drapeau américain) et on en concluera presque sans rire que Battle:LA fait figure de tract antimilitariste !
Un évidente déception donc, même si on ne doute pas des honnêtes intentions d'un film qui ne fonctionne que par de trop rares fulgurances. Si le cinéma américain de grand spectacle parvient petit à petit à équilibrer son propos, il lui reste en revanche à trouver un ou deux nouveaux génies pour en renouveler brillamment la forme. Papy Spielberg et Oncle Cameron peuvent dormir sur leurs deux oreilles.
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