Ça y est ! Après deux navets bien sentis qui venaient s'additionner à deux autres opus inintéressants dont on a volontairement oublié les auteurs, Justin Lin s'est trouvé avec Fast Five et c'est temps mieux pour nous ! Enfin la franchise Fast and Furious s'assume et prend conscience de sa dimension grotesque et souvent vulgaire pour nous offrir un film bien plus décomplexé et paradoxalement plus sobre, à l'image de l'affiche du film ci-contre.
Sur le mode du second degré et de la dépense généreuse, Fast Five revêt des allures festives tout en laissant de côté les néons « flashy » et les carrosseries « fluos » qui ont pourtant fait sa réputation. La preuve : Cette séquence au milieu du film où nos deux héros se rendent à un meeting de tuning dans la plus pure tradition bauf, c'est à dire avec son lot de gros cylindres en tout genres (you know what i mean). Sauf que la course de kéké ne viendra jamais, mieux, elle sera purement et simplement évincée d'une simple ellipse temporelle. Lin commence à retenir la leçon !
Le changement de décors, méthode classique de tout franchise qui se respecte, est tout au bénéfice du film. Les couleurs de Rio, sa force picturale, mais aussi sa chaleur moite, palpable jusque sur les bras saillants de Dwayne Johnson, donne à ce nouvel opus un charme certain qui le démarque de ses prédécesseurs.
Mais on aime surtout Rio pour les nouvelles possibilités formelles qu'elle offre en matière de séquences d'actions. Course-poursuite percutante à pied sur les toits des favelas, ou en voiture sur les routes larges et sinueuses du centre ville, Fast Five est un pur film de casse, généreux mais surtout malin et nerveux.
Si le style de Lin pâtit encore hélas d'un sur-découpage frénétique dans les séquences spectaculaires, on note tout de même une légère amélioration dans sa volonté d'embrasser l'action dans sa totalité et dans toute sa fluidité rythmique. Mais la ou le réalisateur est fort, c'est dans le choc de la matière, le carambolage de tôle et de chairs, le tout dans un fracas de bruit et de fureurs. Fast five vous défonce la rétine, mais surtout, il vous dégomme les tympans avec amour ! On avait pas entendu ça depuis John Rambo en 2008.
Dans cette tentative d'assumer la surenchère spectaculaire induite par le postulat de la franchise, Lin nous offre alors deux belles séquences : Un choc des titans surpuissant (Leterrier peut aller se rhabiller !) et destructeur entre Vin Diesel et Dwayne Johnson filmé « à la nerveuse », et une scène d'action finale dantesque et jouissive qui tient dans une idée de cinéma astucieuse, raison pour laquelle Michael Bay n'aurait même pas pu y songé. Si on est pas non plus totalement fan du montage hystérique de Lin et si Cameron ou Mann aurait sûrement fait de cette scène un chef d'œuvre en jouant bien plus habilement sur la profondeur de champ, on avoue tout de même que le réalisateur s'en sort avec les honneurs et délivre un style viscéral intéressant, mais qui gagne encore à s'affiner.
Le pire dans tout ça, et là vous n'allez sûrement pas me croire, c'est que le scénario tient la route ! Toutes les idées de braquages sont originales, spectaculaires et souvent drôles. On prend le temps de s'attarder sur les personnages, de peaufiner leurs relations afin de rendre cette bande de clowns sympathique. On évite soigneusement la dialectique policiers/voleurs pour une configuration à trois niveaux plus surprenante : policiers/voleurs/caïds. Nos héros ne sont alors ni bons ni mauvais mais bien entre les deux, ce qui est plutôt cocasse. Fast Five se permet même des digressions, c'est pour vous dire ! Certaines scènes n'ont aucunes finalités et c'est temps mieux !
La refonte de la franchise Fast and furious est donc en marche. Si Lin à bien retenu ses leçons, on exige alors que Fast Six soit au film d'action ce que Piranha 3D est au film d'horreur : un joyeux bordel !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire