jeudi 13 janvier 2011

Green Hornet : Buddy Heroes


Publié par Thomas K.

"Les lois sont semblables aux toiles d'araignées, qui attrapent les petites mouches, mais laissent passer guêpes et frelons". Jonathan Swift.

Le Frelon Vert était à la base une série télévisée inspirée d'une histoire radiophonique. Cette série est devenue culte car elle mettait en scène, et pour la première fois aux Etats-Unis, Bruce Lee.

Britt Reid, fils paresseux et bon à rien d'un richissime magnat de la presse, succède à son père à la tête du journal. Mais il découvre un moyen plus stimulant de passer ses journées et soirées : revêtir le costume du Green Hornet, le frelon vert, accompagné de son fidèle ami Kato, inventeur de génie et maître des arts martiaux. Ils font régner la justice et la terreur à bord de leur voiture multifonction, la black beauty.

La figure du héros est ambigüe ici. Le héros n'a pas de réel motif, pas de réelles valeurs. En fait, le green hornet fait ça pour s'éclater. Pour se sentir vivant. Cela ne lui pose pas de problèmes que toute la ville le voit comme un méchant. Là où Britt Reid se démarque des héros conventionnels, c'est qu'il devient un super-héros pour faire comme les super-héros qu'il a vu dans les films. Il le fait parce qu'il trouve ça cool. Pas vraiment un super-héros en fait.
Britt Reid est une instance égale à celle du spectateur : il a les mêmes références cinématographiques (Indiana Jones, Twilight), il connaît les mêmes codes. La tentative du personnage de se plier à ces codes est en fait une bonne façon de les détourner. Cela donne lieu à une écriture très contemporaine, proche de la sitcom, avec des punch lines, des gags, des références, et une sorte de lose attitude dans le "tenter de faire comme". Et ça marche bien. Le film est franchement drôle, merci à l'interprétation très personnelle et hilarante de Seth Rogen.

Gondry aime les gadgets, les bidules, les trucs fabriqués ; rappelez-vous Be Kind Rewind. Ici il s'en donne à coeur joie en esthétisant à fond les scènes avec la voiture qui intègre des lance-missiles, lance-flammes, pneus piégés, etc...les scènes d'action vont à 100 à l'heure et sont très jusqu'au-boutistes, quand y'en a plus y'en a encore. D'où un certain manque de rythme parfois, surtout dans la dernière demi-heure qui traîne un peu en longueur. Trop d'action tue l'action, et une fois qu'on a saisit le principe de détournement du genre et de l'excès dans l'image, on s'habitue et une certaine langueur s'installe. Le film aurait gagné à écourter certaines scène (le combat entre Kato et Britt est très long), et à se renouveler sur la fin. Si la première heure nous porte de sourires en surprises, la fin laisse un goût de "on avait vu tout ça venir" dans la bouche.

Le film ingère de manière assez réussie l'esthétique vidéoludique, de plus en plus présente, lors des scènes de combat au ralenti. La visualisation de Kato des gestes à effectuer, avec la coloration des points d'attaques en rouge, rappelle certains systèmes de "lock" qu'on trouve dans les jeux vidéos, il n'y à qu'à voir le dernier Splinter Cell par exemple.

La relation entre Britt et Kato rappellerait presque un buddy movie, appuyé par le côté loser de Seth Rogen. Deux potes lancés dans un gros délire, lequel les dépasse ; ils seront obligés de faire appelle à Cameron Diaz qui à son insu leur indiquera le chemin à suivre. Parce que eux n'ont pas de plan, pas d'idéaux, juste une vie qui les emmerde et qu'ils ont envie de secouer un peu. Voir la scène géniale où, pour leur première virée en black beauty, ils se mettent à chanter par-dessus un rap, à fond dans leur cool attitude.

Christoph Waltz ne trouve malheureusement pas un rôle à sa mesure, et si le méchant à le mérite d'être drôle, il ne marquera pas l'histoire du cinéma. Dur de passer après le Hans Landa de Inglourious Basterds.

Green Hornet, c'est donc :

- Beaucoup de lignes de dialogues et de scènes très drôle, avec un héros loser bon à rien qui s'improvise une double identité parce que c'est trop cool.

- Des scènes de combat super stylisées, avec usage du ralenti et esthétique du jeux vidéo.

- Des longueurs sur la fin, des scènes pas forcément efficace au niveau de la dramaturgie.

- Un déluge visuel, des gadgets à gogo, des débris, des fracas.

- Une bonne utilisation du détournement des codes du genre.

Pour conclure, disons que Green Hornet mérite d'être vu, au moins parce qu'il est unique en tant que film de super-héros. La patte poétique de Gondry est un peu laissée de côté au profit de l'excès dans l'image (excès des effets visuels et dramaturgiques), et c'est peut-être ce qui finit par manquer un peu au film, une fois l'originalité de son traitement assimilé.

++

Thomas K.

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