mercredi 22 décembre 2010

Easy A


Rhiannon: You're being pretty cavalier about this. Aren't you supposed to be eternally in love with him and shit?

Olive Penderghast: Yes... I believe so, if I was the Gossip Girl in Sweet Valley of the Traveling Pants.


A force d'avoir lu mes pages, vous commencer certainement à connaître mon combat persistant visant à promouvoir le renouveau de la comédie américaine et plus particulièrement du Teenage-movie.

Après Superbad (2007), Youth in revolt (2010), Scoot Pilgrim Versus The World (2010) et le superbe Adventureland (2009) pour ne citer qu'eux, je viens de dénicher une nouvelle petite perle qui vient encore confirmer mon intérêt doublé d'un plaisir coupable pour ces films pour ados dont la beauté innocente n'en finit pas de me charmer.

Easy A remplit parfaitement le contrat du Teenage movie intelligent et drôle. Le film traite de la rumeur, la vitesse à laquelle elle peut se propager au lycée, la manière dont elle grossit et comment on en perd très vite le contrôle. L'originalité étant qu'on sort enfin de l'archétype de l'adolescent de sexe masculin, loser maladroit et dernier des romantiques, pour un personnage féminin attachant, maîtresse de son destin. Olive est une jeune femme libre, prisonnière d'un univers attardé qu'elle va devoir bousculer de toute part pour s'affirmer.

Le film est mené tambour battant sous forme de chapitres. L'histoire d'amour, elle, ne prend forme que sur le tard et devient presque le cadet de nos soucis. Le réalisateur s'attache plus à dérouler tout un tas de personnages secondaires et à renforcer l'empathie avec l'héroïne via une voix off omniprésente mais jamais étouffante. Olive invente gentiment des mensonges à sa copine sans se douter que le tout va prendre une ampleur imprévue. En moins des quelques jours, la rumeur court au lycée comme quoi notre héroïne est une vrai S****! Consciente qu'elle tient tout le lycée par les valseuses avec ses mensonges que tout le monde gobe dans la seconde, elle va pousser le concept un peu plus loin...Trop loin?

Une fois encore, les références sont à aller chercher du côté de John Hugues, réalisateur américain dont j'avais mentionner le nom dans mon article sur Adventureland. Elles sont ici explicites comme vous pourrez le voir puisque notre héroïne cite elle même le réalisateur et convoque des images de ces films avec une certaine nostalgie. Les films de Hugues semblent être devenus une référence assumée depuis la que la « vague Apatow » a submergé la comédie américaine. De manière plus générale, ce sont les années 1980 qui ressurgissent avec vigueur puisque Adventureland se déroulait précisement à cette époque et Easy A choisit « Don't you forget about me » de Simple Minds comme thème musicale emblématique.

Nos nouveaux héros recherchent l'authenticité. Ce ne sont pourtant pas forcément des marginaux, au contraire, c'est le monde autour d'eux qui semblent ne plus tourner rond. Easy A, comme tout bon Teenage movie qui se respecte, ne fait pas dans la demi mesure et déploie un humour agressif attaquant aussi bien la religion que le sexe ou la place de la femme dans un univers lycéen californien aux repères flous.

Jouer un rôle, se faire passer pour ce que l'on est pas, le thème n'est pas nouveau c'est vrai puisqu'il suffit de revoir Les tricheurs (1958) de Marcel Carné pour constater que la question de la quête identitaire chez les jeunes n'est pas nouveau. Easy A a tout de même l'énorme qualité d'hérité d'un humour corrosif, d'une vision moderne et fraiche de la jeunesse américaine, et surtout d'excellents acteurs.

Et oui, après Jonah Hill, Michael Cera et l'incroyable Jesse Eisenberg qui, à mon avis, remportera surement l'oscar du meilleur acteur cette année (The Social Network 2010), je fais la promo de cette superbe actrice qu'est Emma Stone. Vous l'avez surement remarqué dans Superbad ou Zombieland (2009). Elle est, je pense, la jeune actrice à surveiller de très près. Des yeux de chat et un grain de voix à tomber. Emma Stone est drôle, maladroite, jamais tape à l'œil, bref un charme fou. Elle porte le film à elle toute seule sans aucun effort.

Easy A, combine à merveille les acteurs confirmés un peu oubliés et les futurs talents d'Hollywood. C'est l'exemple même de la stratégie financière du Teenage movie contemporain : Éviter les stars qui coutent cher pour mieux investir dans les jeunes talents et les acteurs confirmés, peu exposés aux médias. Pour accompagner Emma Stone on retrouve donc Lisa Kudrow (Phoebe de Friends), Malcolm Mcdowell (Orange mecanic 1971) ou encore l'excellent Stanley Tucci (Le terminal 2004, Lovely Bones 2009).

Easy A vient donc s'inscrire sans difficulté dans la catégorie des Teenage movie à conseiller. Narration fluide, photographie chaude et bande son imparable. Il s'amuse à casser les codes du genre et à éclabousser la vision fantasmée de l'univers californien tout en préservant son charme photogénique intacte. Encore une bonne trouvaille à dévorer sans plus attendre.

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